« On a la rage » : Préaux, reflet de la campagne de l’Indre où Marine Le Pen séduit
Avec 42,86 %, la petite commune du nord Indre est l’une de celles ayant le plus voté pour la candidate d’extrême droite au premier tour de l’élection présidentielle. Ambiance à L’Auberge de l’Indrois, le seul commerce de la commune.
Attablée au bar devant une bière en attendant qu’une table au restaurant se libère, Caroline prévient : « Ici, on dit ce qu’on pense ! » Bienvenue à Préaux, 161 habitants, son château, son église et son bar-restaurant-épicerie qui est « plein tous les midis » : L’Auberge de l’Indrois.
Situé sur un axe de passage entre Écueillé et Châtillon à la frontière de l’Indre-et-Loire, l’établissement – le seul commerce de la commune – voit passer du monde. Et des conversations. En ce lundi de lendemain de premier tour, aucune difficulté à recueillir des confidences de votes pleinement assumés dans cette commune qui a accordé 42,86 % de ses voix à « Marine », comme on dit ici.
« Les gens sont chauvins ici et n’aiment pas être emmerdés »
À commencer par celles de la patronne, Vanessa, 38 ans, qui a repris le commerce avec son mari et employé en janvier 2020. « On est à la campagne, les gens sont chauvins ici et n’aiment pas être emmerdés, affirme-t-elle. Je ne suis pas raciste, je suis patriote ! » « Même si des étrangers, on n’en voit pas beaucoup ici, on cotise quand même pour eux », embraye Jean-Pierre, patron d’une entreprise de terrassement dans la commune voisine de Villedômain.
« Pas de logements pour les Français… »
L’arrivée annoncée, dans la commune limitrophe de Nouans-les-Fontaines, de réfugiés ukrainiens le fait aussi réagir : « On trouve des logements pour eux, mais pas pour les Français. Et combien de temps vont-ils rester là, à votre avis ? »
Face à lui, Caroline l’interpelle : « Oui, enfin, ce sont des femmes et des enfants… » « Non, ce sont des femmes seules, à ce qu’il paraît. Et quand on voit que certains touchent plus de retraite que nous en ne faisant rien… » Derrière eux, un agriculteur retraité entre dans l’établissement et soupire : « Je touche 600 € de retraite, qu’est-ce que vous voulez que je fasse avec ça ? »
« Gestion calamiteuse du Covid »
De fait, la politique d’Emmanuel Macron, crédité de 23,02 % dans la commune, semble faire l’unanimité contre elle dans ces murs. « Il enrichit de plus en plus les riches et rend les pauvres encore plus pauvres, les méprise… On a la rage. Il devrait venir avec ses gorilles dans nos petites communes pour voir comment c’est… », tonne Caroline en pestant aussi contre « la gestion calamiteuse du Covid » du président sortant.
« Aller voir ailleurs si l’herbe est plus verte »
Elle est toutefois reprise par Jean-François, 77 ans, adjoint au conseil municipal local, soucieux de nuancer : « Franchement, au vu des circonstances, il a fait ce qu’il a pu, avec un jeune ministre de la Santé qui est allé au front… »
Pas suffisant toutefois pour lui accorder sa voix : lui a préféré choisir « Valérie » (Pécresse) au premier tour « car c’est une femme » et qu’ « on a besoin de changement, la vieille politique est morte ! » Sa décision pour le second tour est donc prise : « Ce sera Marine Le Pen, sans regret. »
« Ça fait quarante ans qu’on alterne socialistes et républicains sans que rien ne change, résume Vanessa. Il faut peut-être aller voir ailleurs si l’herbe est plus verte. »