Hommage à Barbara

Ce 24 novembre, cela fait 20 ans jour pour jour que la dame en noir a disparu, née le 9 juin 1930, à Paris de père Alsacien et de mère moldave, elle se nommait Monique Serf de son vrai nom et avait apprit le piano et le chant au Conservatoire de Paris.
Ses influences ? Piaf, Fréhel, Marie Dubas. Ce qu’elle ambitionne avant tout, c’est partager son monde intérieur, riche en émotions… et en blessures. A ses débuts, elle utilise les mots des autres, ceux de Pierre Mac Orlan, de Jacques Brel et de Léo Ferré.
Barbara, qui souffrait d’infections pulmonaires à répétition, s’éteint le 24 novembre 1997 à l’hôpital américain de Neuilly, victime « d’un choc toxi-infectieux d’évolution foudroyante ». Elle avait 67 ans.

France 3 Centre-Val de Loire a réalisé un documentaire hommage à cette grande dame.

France Bleu Berry sur son site web à créer une page sur cet événement : 20 ans après sa disparition, le Berry se souvient de Barbara

La vidéo qui est passé sur France 3 Centre-Val de Loire aux informations régionales de 19 heures :

Elle avait, au cours de sa vie, tissé de nombreux liens avec le Berry…

« Du plus loin qu’ils leur en reviennent« , les habitants du Berry se souviennent. Il y a eu Monique d’abord. Le premier prénom par lequel ils ont appelé Barbara. C’était en 1940, un jour de juin.
Monique Serf vient d’avoir 10 ans. La petite fille, d’origine juive, quitte Blois où sa mère est employée. Elle fuit la débâcle de l’armée française et l’avancée de la Wehrmacht avec son petit frère, Jean, sous le patronage d’une tante, à bord d’un train direction le sud. « Ils étaient dans un train dont la locomotive a été réquisitionnée à Chatillon-sur-Indre, raconte James Allard, actuel propriétaire de la maison où s’est réfugiée la famille, à Préaux. Le train a ensuite essuyé des tirs je crois ou des bombardements… Une partie des occupants du train a été tuée. Les autres ont quitté la ville pour la campagne autour. C’est comme cela que Monique Serf est arrivée à l’école de Préaux, puis orientée vers le petit hôtel de la commune, l’hôtel Lanchais. Dans le film « Barbara ou ma plus belle histoire d’amour c’est vous » de Gérard Vergez, la chanteuse évoque cet épisode de sa vie.

« On chantait ensemble à la chorale » – Jacqueline, 84 ans
De cette petite Monique, Jacqueline conserve un souvenir très précis ; « Elle était brune, un peu ronde. Vraiment, elle était sympa! La maison de mes parents était en face de l’hôtel Lanchais. Je me souviens qu’elle se plantait devant mon père, et lui demandait d’aller faire un tour à cheval. Je me souviens aussi que la maîtresse avait choisi trois élèves pour chanter. Il y avait Monique, une petite camarade et moi. On avait la même tessiture de voix à l’époque. »

James aussi a bien des histoires à raconter sur Monique. Sa cousine, Régina, était du même âge que Monique et les deux enfants passaient le plus clair de leur temps ensemble. « Je me souviens que Régina avait reçu un petit piano à un Noël. Elle n’en faisait pas grand chose… Mais Monique, elle, aimait beaucoup jouer avec. Elle avait commencer à composer un couplet et un refrain sur ce piano qu’elle jouait sans cesse. Vous vous souvenez Jacqueline ?  »
Monique reste une année à Préaux. Elle reprendra ensuite la route vers le sud de la France. Mais la commune n’a pas oublié.

Jacqueline collectionne les disques et conserve précieusement tous les documents ayant trait à la Dame du temps Jadis. « Mes parents étaient les premiers à Préaux à avoir un poste de télévision. Un soir, Barbara devait chanter. Monsieur et Madame Lanchais sont venus chez nous pour la voir. Mais on ne l’a pas reconnue… Plusieurs de ses copains de l’époque ont aussi été la voir sur scène… Et puis, dans une de ses chansons, elle parle du rosier rouge… C’est celui de l’hôtel Lanchais. Je suis sûre que c’est une chanson sur nous« . . A y écouter de plus près, les paroles semblent en effet faire écho à ce pan d’histoire…
Une rue Barbara à Préaux ?
James a acquis il y a quelques années l’hôtel Lanchais. Il a entrepris de gros travaux de rénovation pour réhabiliter le site et remettre la chambre de Barbara en état, s’appuyant sur des cartes postales… si la photo est bonne. »J’aimerais trouver du mobilier années 50, et réinstaller les choses comme elles étaient. Mais je ne vais pas faire un musée. Je voudrais juste ouvrir au public une fois par an par exemple« . Le maire de la commune, Guy Lévêque, imagine apposer une plaque sur l’ancien hôtel Lanchais, en souvenir de la Femme piano. « On a aussi un bout de rue qui n’a pas de nom, à côté de l’église : pourquoi pas une rue Barbara ? Ou bien pour la salle des fêtes?« .
La légende – et James Allard – raconte qu’un jour, Barbara est revenue. Avec elle, son ami, le castelroussin Gérard Depardieu. « Elle est venue lui montrer l’hôtel Lanchais. Mais je ne sais pas si c’est vrai… c’est ce qu’on raconte en tout cas. Ce qui est sûre, c’est qu’elle a passé quelques mois dans les années 1950 à Buzançais… Mais appelez plutôt le château de Boisrenault, ils vous raconteront… »

Une amitié berrichonne
La voix au bout du fil n’est pas vraiment surprise de la question. « Barbara à Buzançais ? Oui, bien sûr que je connais l’histoire. C’était une amie de mes grands parents. Je vous donne le numéro de ma grand-mère, Sylvie. Appelez la de ma part« …
Sylvie du Manoir ne voit pas bien ce qu’elle pourrait dire. Toute en modestie, la vieille dame confirme le long séjour de Barbara « Ah oui, c’était Barbara. On ne l’appelait déjà plus Monique. C’était en 1957. Son compagnon de l’époque, Jean Poisson, qu’on appelait Toto, était un ami de mon mari. » Sans le sous, le couple est hébergé par la famille du Manoir au château de Boirenault à Buzançais. Pendant six mois, Toto bricole, travaille un peu pour la maison. « Bien mal d’ailleurs… il était trop occupé à imaginer des chansons pour Barbara » sourit Sylvie.
Ils lui offrent son premier costume de scène
Barbara, elle, passe ses journées au piano. « Qu’il fasse chaud, qu’il fasse froid, elle allait s’exercer dans une petite pièce. Elle y travaillait sans cesse. C’était quelqu’un de très gaie, elle était très simple, sympathique. C’était une amie. On s’est très bien entendues. » Lorsque le succès frappera, timidement, à la porte, le couple du Manoir donnera un dernier coup de pouce à la chanteuse. Il lui offrira son premier costume de scène. « C’était une robe noire, très simple. On a juste donné un peu d’argent. Mais c’était normal. C’était notre amie… »
Souvent, ils iront la voir sur scène. Et Barbara reviendra les visiter, accompagné d’un très bel homme. « Elle était amoureuse. Mais je ne me souviens plus de son nom. C’était vraiment un beau garçon« . Et comme toutes les belles histoires, celle ci se termine aussi en musique…
« La maman de Toto vivait à côté de Lignières et ils leur arrivaient souvent d’aller se promener dans le petit bois, pas loin. Le petit bois de Saint Amand… Vous savez ? La chanson… »
Qu’elle fut longue la route, du Berry à Paris. Mais la longue Dame Brune n’a jamais oublié. Et le Berry non plus.

Par Gaëlle Fontenit France Bleu Berry

© Radio France