A cause de l’Indrois qui le traverse, le territoire de Préaux est rattaché au bassin hydrologique de la Loire. Sa superficie est moyenne, environ 3254 hectares et à la fin du XVIIIe siècle, sa population est d’environ 450 habitants. A la fin d’un hiver très froid et humide, celui de l’année 1789, un vent d’espoir souffle sur toutes les paroisses du royaume. En effet, le roi Louis XVI souhaite la tenue des Etats Généraux pour le printemps afin de consulter les français et d’écouter leurs doléances. La communauté d’habitants de Préaux envoie à l’assemblée du bailliage de Châtillon deux de ses habitants (cette circonscription administrative dépend de la généralité de Tours). Il s’agit d’un homme très influent au village, Pierre Verdier, marchand et fermier général du comte de Preaux et un laboureur nommé Adrien Trouvé (archives départementales d’Indre-et-Loire : L 204, 3 mars 1789).

L’été 1789 est placé sous le signe des promesses. Outre l’abolition des privilèges et la déclaration des droits de l’homme, un nouveau régime appelé la Constituante est institué. L’année suivante, les communes et les départements sont créés. Le procès verbal de division du département de l’Indre est dressé le 25 mars 1790. Rattachés au nouveau canton de Jeu-Maloches sans avoir été consultés, les préaltiens ne tardent pas à se faire entendre. Le maire Antoine Deschamps et ses conseillers municipaux dont Joseph et Jacques Ternier ou le fils Bocquet préparent une pétition adressée aux instances départementales à Châteauroux. Dans celle-ci, ils rappellent leur éloignement du chef-lieu de canton, trop petit à leur goût. Leur préférence se porte plutôt pour un rattachement à Palluau ou à Châtillon (A.D. Indre : L 188). Finalement, leur demande n’est pas retenue. Grâce à ce document, il apparaît que la population de Préaux est attirée à cette époque vers les villes situées sur les bords de l’Indre. L’intérêt économique et un meilleur état des chemins sont probablement les raisons principales qui motivent ce choix.
Quelques années plus tard, la jeune république accumule les difficultés. L’économie est désastreuse, la guerre est aux frontières et la guerre civile fait rage dans l’ouest de la France. Près de Préaux, une insurrection paysanne plus connue sous le nom de Vendée de Palluau gronde dès les derniers mois de 1795. Elle se déclenche le 22 ventôse an quatre ou 12 mars 1796. Ce jour-là, près des Fourneaux à Saint-Médard, de nombreux insurgés attaquent une vingtaine de gendarmes qui venaient d’arrêter à leur domicile dix préaltiens dont le curé Guillaume Roux. Le lendemain a lieu l’entrée à Ecueillé, suivie d’un retour précipité à Palluau le 24 ventôse. Enfin, le 25 ventôse ou 15 mars se déroule la bataille de Buzançais appelée aussi « la journée des sabots ». Elle marque la déroute des insurgés et la fin de l’insurrection.
Dans les villages autour de Palluau, la mobilisation des insurgés se fait à peu près toujours de la même manière. Quelques personnes motivées ou charismatiques se chargent du recrutement parmi les notables, les artisans ou les paysans. A Préaux, Louis Maillet est vraisemblablement l’un des principaux meneurs et enrôleurs. Il est en même temps l’agent national de la commune, l’équivalent du maire. Cette position de représentant de l’autorité lui permet de recruter plus facilement, surtout auprès des paysans (voir l’annexe).
Dans la matinée du lundi 14 mars 1796, environ deux cents insurgés qui viennent d’occuper Ecueillé et en marche vers Palluau se présentent à Préaux (A.D. Indre : L 366). Ils pillent la maison de Joseph billieux, un membre de la municipalité et marchand. Ils profitent aussi de leur passage pour couper l’arbre de la Liberté, symbole de la république naissante et cible fréquente des contre-révolutionnaires.
Lors du procès qui suit l’insurrection, Louis Maillet n’est pas le seul accusé de Préaux à se retrouver sur le banc des accusés. Il en est de même pour la famille Avrillon de Dardoux, un hameau éloigné du bourg sur la route de Villegouin. Gabriel, le chef de famille, charpentier de métier, héberge à plusieurs reprises un prêtre missionnaire et réfractaire nommé Floret, originaire du Cantal et l’un des principaux meneurs de la révolte. Ce dernier donne chez le charpentier quelques messes clandestines et au cours de l’une d’elles, Guillaume Roux renie le serment d’obéissance aux lois et à la constitution civile du clergé qu’il avait renouvelé chaque année depuis sa création en 1790. Cet événement non daté est rappelé par Deniot, adjoint municipal qui avait assisté à cette messe (A.D. Indre : L 367).
Sur l’acte d’accusation, outre l’agent national et le charpentier Avrillon, un bûcheur (ou bûcheron) nommé Joseph Seintier et Joseph Ternier, un journalier cité précédemment, sont accusés d’avoir participé aux recrutements. Finalement, les juges sont cléments et ils s’en tirent avec des courts séjours en prison.

Annexe.
Archives départementales de l’Indre : L 366. Retranscription sans aucune modification de l’orthographe ou de la ponctuation.

En marge :
« 3 germinal an 4e Aux administrateurs de ladministration
civille du departement de lindre
Citoyens la commune de preaux vous expose en l’apsence de lagent municipal le conseil de ladjoint reunis avec les acsesseur du juge de paix de cette commune qui est melaine deniot adjoint municipal, Silvain Signoret acsesseur, et louis Barrataud aussy acseseur adreand trouve cultivateur faisant pour jude Loiseau, et joseph Billieux marchand faisant pour louis malliet ci devant agent national de cette commune
Vous declarant citoyens quil est prouvé par toute la commune entiere que le dix huit ventose vers les onze heure du matin lagent national de cette commune a prevenu par luy meme plusieurs citoyens et fait prevenir par des courriéés quil a envoye de son chef de maison en maisons par les campagne et daporter avec eux les armes a feu picque et fourche et toute arme necessaire pour la defense. Tous les citoyens prevenu par lagent de cette commune ont obei a ses hordre. Comme ayant les autoritéé constituéé ils ont cru quen les faisant marcher que setoit au nom de loi. Ce meme jour la mayeur partie des citoyens se sont rendu ches luy au village de dardou pour voir quel ordre il avoit a leurs donné. Ils leurs a repondu allé vous en sur le carroit de Bonne nouvelle vous trouverréz quelquns qui vous dirons pour quoi faire plusieurs de ces citoyens nont pas ete plus loin que ches luy mais les autre se sont rendu au carroit de Bonne nouvelle a ce momen la tous les citoyens ont reconnu que ce netoit point au nom de la loi que lagent national les a fait marcher mais quau contraire que setoit pour livrer le sang innocent et la commune entierre au massacre. Ces citoyens prevenu de ce malheur par la conduite de lagent national ce sont rendu tous ches eux chacun dans leurs foyer bien tranquille apres reconnu la mechansete et lerreurs que lagent nationale les exposet,
Vous declarant citoyens que par une voye juste et sinsaire que les brigand etant entre a Eceuillé le vingt trois du present a cinq heure du soir se sont rendu maitre de cette commune et lont mis au pillage et ont ete evacqué de ce dit lieu le vingt quatre du present, de la se sont rendu tout de front (en marge : dans la commune de preaux) et ont fait marche de force tous les citoyens quil ont trouve a leurs travaux et autre / en leurs disant au nom du roÿ rend toi avec nous a notre cartier general a palluau ou sans quoi on vous passera bou (déchiré) et balle dans le corps ses citoyens voyant a ce moment la que leurs force ne pouvoit pas faire de resistance se sont rendu avec eux a leurs cartier general pour faire un combat malgré eux et de force,
Vous declarant citoyens que les personne qui ont ete arrete dans la commune de preaux le vingt deux du present et conduit par la gendarmerie dans la maison d’arrest a chatillon sont tous innocent et coupable de rien,
Vous declarent en outre que les citoyens de cette commune qui ont ete fait prisonnier dans le champ de bataile le vingt cinq du dit se sont aussy des innocens qui ont ete fait marche de force comme ils est annonce au present,
Empressée vous citoyens de faire rendre justice a ses innocens pour envoyer ses cultivateurs et ses pere de famille reprendre leurs travaux dans les campagne,
Comme aussÿ lon semprese de vous livrer les sellerat et les chef de brigands entre les mains pour les faire juger selon la loi
a preaux ce trois germinal lan 4e de la republique une et indivisible les acsesseur nous ont declare ne sceavoir signe sauf les sousigne
Billieux asesuer

[assesseur] Deniot adjoient pres lagans municipal ».

Michaël Beigneux. Année 2000 – http://michael.beigneux.chez-alice.fr/